Les Naffreux
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Bon, bin quand faut y aller, hein...

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Message  Sibyllina Luna Jeu 9 Sep - 0:13

Une verre... Une chope... Un autre verre... Tiens ? Une tasse.

Les uns après les autres, les contenants en verre, terre cuite, faïence, bois ou métaux défilaient entre les mains de la succube qui, inlassablement, les plongeait dans le bac d'eau chaude, les rinçait, lavait puis essuyait avec un grand torchon.
Elle se trouvait dans la cuisine, seule. Le silence environnant n'était troublé que par les bruits d'eau ou de frottement, ainsi que les légers « poc » lorsqu'elle posait la vaisselle propre de côté dans le but de la ranger plus tard.
Les clients étaient tous partis depuis une bonne demi-heure déjà mais les odeurs restaient présentes, fortes et vivaces. Odeurs corporelles tantôt alléchantes, tantôt repoussantes, mais aussi des flagrances plus subtiles, allant de celle de la tisane aux jus de fruits qui avaient été bus ici et là. L'alcool, bien entendu, et les plats cuisinés couvraient l'ensemble sans pour autant réussir à les étouffer.
Sibyllina aimait ce moment-là. Quand le calme revenait enfin et qu'elle pouvait, tout en finissant ses corvées, faire le point sur sa journée, s'aidant des odeurs pour se remémorer ses clients.
Et surtout... Il y avait, dans un avenir très proche, l'envie d'aller se coucher et obtenir un repos durement mérité.

Se coucher... Pas tant pour dormir que pour réfléchir à tout ce qu'elle avait vu, entendu. Comme son corps nécessitait assez peu de sommeil, elle profitait souvent de ses nuits pour planifier les repas du lendemain, écrire sa liste de courses, faire ses comptes, rêvasser sur tel ou tel client qui lui avait dédié un beau sourire... Surtout le dernier point, en réalité...
La fenêtre ouverte, l'air frais du dehors entrant en même temps que la lumière de la Lune et son cortège étoilé... Oui, elle aimait vraiment ces moments où elle pouvait enfin se lâcher et respirer pleinement.
Mais voilà ! Il restait encore une bonne pile d'assiettes à nettoyer, puis il y aurait les tables à frotter, les chaises à remettre en place, le comptoir à astiquer...
Pas encore le moment de planer !
La semi-démone se reconcentra sur sa vaisselle, pressée d'en finir.
A dire vrai, faire la vaisselle était ce qui était le plus pénible dans son métier de tavernière...
Mais pas pire que tout ce qu'elle faisait auparavant et c'était le prix à payer pour vivre pleinement de belles journées !

Tout à coup, alors qu'une chope dégoûtante se noyait silencieusement dans le bac – Un client avait dû se dire que ce qui était entré et provenait de cet endroit pouvait très bien ressortir et retourner à celui-ci – le bruit caractéristique de la double porte d'entrée qui s'ouvre se fit entendre.
Elle arrêta instantanément ce qu'elle faisait et cria de sa position :


- La taverne est fermée ! Si les volets sont clos et la pancarte affichée, y a une raison ! Merci !
- Je ne viens pas pour boire, Ellyanda...

La réponse avait été claire, prononcée d'une voix calme et légèrement amusée. Ce n'était même pas tant le fait que la personne connaisse son ancien nom humain qui était choquant... Plutôt... La voix en elle-même !
S'essuyant nerveusement les mains sur son torchon, la succube bondit hors de la cuisine et fonça en quelques pas rageurs jusqu'à son interlocuteur.


- Alors toiiii ! fit-elle entre ses dents, l'étranger déjà suspendu à un mètre du sol par le col.
- Moi aussi, ça me fait plaisir de te revoir, Ellyanda. Répondit l'homme en riant à moitié.

Il portait une tenue sombre, assez quelconque, une cape à capuche mollement balancée sur sa tête et ses épaules, cachant mal sa tenue de cuir. Un combattant, bien entendu. Ou plutôt, pire... Un mercenaire.

- Qu'est-ce que vous foutez ici ?! Et vous savez que la dernière fois, j'ai failli y passer ? J'ai passé une journée entière suspendue par la jambe droite avec une bande de trolls me reluquant en bavant !
- Je vois que tu débordes pourtant d'énergie. C'est donc que j'avais encore bien choisi, non ? Et puis, ils voulaient sûrement jouer...
- Ils voulaient me faire mon affaire, oui ! Foutez le camp ! Je ne veux plus vous voir !
- Allons... Et si tu te calmais et me reposais ? Tu as sûrement beaucoup à me raconter, non ? Et je peux les comprendre...
- Non ! Hurla la jeune femme. Je n'ai plus rien à vous dire ! Allez mourir !
Quelques courtes secondes après.
- Et ils voulaient surtout me bouffer ! Vous êtes encore plus pervers que mes clients !
- Tu es sûr que tu ne veux pas parler ? Demanda l'homme âgé de la trentaine d'une voix menaçante. Pourtant, je doute que l'ancien propriétaire t'ait cédé cette bicoque sans une raison particulière, je me trompe ?
- Est-ce une menace, ô mon mentor ? Répondit Sibyllina d'une voix narquoise.
- Tout dépend ! Par contre, je ne sais pas toi, mais moi, je peux rester dans cette position pendant des heures...
- Et si je vous balançais par une fenêtre ?
- Et bien, je pense qu'il te faudrait convaincre à nouveau la garde... Qui serait sûrement beaucoup plus curieuse, cette fois-ci...
- [censure à rallonge]

La succube reposa l'homme au sol et se dirigea vers la table la plus proche, tirant une chaise pour s'y assoir. Son visage fermé cachait mal sa colère... Et sa crainte.
Son interlocuteur la rejoignit après avoir remis les plis de ses habits en ordre et s'installa à son tour.


- Alors ! Comment ça s'est passé ? Tu l'as revu ?
- William ? Oui, bien sûr ! Même qu'il était tout étonné de me voir devenue tavernière...
- Il faut dire que ce n'est pas exactement le boulot dans lequel lui ou moi t'aurions imaginée...
- Je vois excellemment bien dans quel boulot vous m'auriez imaginée !
- Ooh, tout de suite, le mauvais esprit... Et sinon, les informations que je t'avais demandé de récupérer ? Tu as réussi à les obtenir ?

Face à la mine déconfite et au regard fixe sur ses bottines de la part de la semi-démone, le mercenaire comprit et enchaina.

- Aller, raconte moi... Tu ne te doutes pas dans quelle situation tu t'es mise, là...
- Ooooh si, figurez vous ! J'ai reçu la visite d'une bande au complet, très récemment ! Si des clients n'avaient pas réussi à les tenir en respect jusqu'à ce que la garde arrive...
- Une bande ? Déjà ? La garde ? Bon sang ! Explique !
- Ça va, ça va... Pas la peine de me regarder comme ça... Ils n'ont rien trouvé car ne cherchaient rien d'autre que de faire respecter l'ordre... Et vu que j'avais des témoins nombreux et que mes clients m'ont fièrement défendue, les soldats ont même été cordiaux... Par contre, j'ai gagné un tête à tête avec le capitaine la semaine prochaine...

L'homme qui avait abaissé sa capuche, révélant une figure durcie par l'expérience et les voyages, soupira.

- Et la bande ?
- William enquête dessus. Pour le moment, je n'en sais pas plus. Il veut me mettre chez Lyria en attendant.
- Ça serait une bonne idée, oui... Mais j'ai autre chose à te proposer... Remarque, ce n'est pas incompatible, d'un autre côté. Et comment cela se fait-il que William enquête dessus ? Je le pensais en mission à l'autre bout du pays ?
- Faut croire qu'il m'aime bien... Plus que vous en tout cas...
- Ce qui est très compréhensible... fit l'homme en jetant un regard amusé au décolleté de son ancienne partenaire.
- Mentor ou pas, si vous ne relevez pas les yeux, je vous les perce !
- Toujours aussi farouche !

Le mercenaire partit dans un rire tandis que Sibyllina le foudroyait du regard. Après quelques instants, il reprit.

- J'ai une mission pour toi.
- Je vous avais dit que celle du proprio de ce lieu était la dernière ! Que je voulais me ranger !
- Oui, et bien, désolée de t'effrayer un peu, ma belle, mais ça ne va pas être possible.
- Ah oui ? Et pourquoi donc ?
- Parce que le porc que tu as assassiné servait de plaque tournante au marché noir de plusieurs grosses guildes de la région. Tu ne t'étais jamais demandé pourquoi il
tenait tant à sa cave ?


La semi-démone pâlit, se rapprochant de la couleur de peau des humains.

- Pourtant, y avait rien de spécial, dans cette cave... A part quelques champignons étranges et des boissons rares.
- Et tu as cherché s'il y avait un passage secret ? Genre derrière un fut, une trappe camouflée, un truc du genre.
- Et pourquoi j'aurai cherché ? Vous me demandiez de vérifier s'il cachait bien des objets d'art chez lui. J'ai rien trouvé, nulle part, et vous ne m'aviez pas parlé de cache !
- Passons... Qu'as-tu obtenu comme renseignements ?
- Et bien... Comment dire...
- Quoi ? Tu l'as tué sans rien soutirer ? S'inquiéta l'homme choqué par un tel manque de professionnalisme.
- Mais il me tripotait les fesses ! Vous en avez de bonne, vous !
- J'ai été fou de te faire accepter dans cette compagnie de mercenaires...
- Hey ! J'ai le droit de me défendre, non ?
- Comme si une main graisseuse sur ton postérieur allait te tuer ou ruiner ta fierté !

Un silence gêné s'ensuivit durant lequel la succube ronchonnait dans son coin, bras croisés sur son torse.

- Montre moi cette cave... Et cesse de faire la gueule, c'est trop tard. Tu feras ce que j'ai dit si tu tiens à la vie et puis c'est tout !
- Oui papa...
- Très fin. Aller, debout !



Le lendemain matin, à l'aube, Sibyllina s'observait dans le miroir de sa chambre, chambre qu'elle avait totalement rénovée et personnalisée depuis qu'elle avait
obtenu l'établissement.
Elle vérifia une dernière fois ses sangles et serra davantage celles de ses bottes.
Un soupir lui échappa une énième fois depuis son réveil.
La vie était horriblement injuste... Elle qui avait juré de ne plus jamais remettre sa tenue de combat... Enfin, de combat... Disons une tenue de cuir adaptée en théorie aux mêlées rapides. Mais vu son caractère et son immense courage, on ne peut pas dire qu'elle ait servi beaucoup, sauf peut-être à se faufiler au milieu de ronces durant une fuite parmi d'autres.
Elle se lança un regard de défi, faisant les gros yeux pour se donner contenance... Avant de faire une moue de dépit.
Non, rien à faire, même en y mettant du sien, elle n'impressionnerait jamais qui que ce soit ainsi... Même un lapin se roulerait par terre en riant plutôt que de retourner se planquer dans son terrier.


« Bon, aller... Il s'agirait de ne pas arriver en retard... »
Elle ajusta ses gants et se lança un dernier regard dans la glace.
« Promis, je reviendrai vite, Sibyllina la tavernière. Mais pour l'instant, faut surtout que je reste en vie. Ne m'en veux pas. »

Elle descendit les escaliers et s'arrêta un instant dans la salle commune déserte.
Aujourd'hui, elle ne pourrait pas écouter comme à son habitude ces gens discuter de choses parfois sans intérêt et parfois passionnantes, comme la vie dans les pays
étrangers.
Elle s'avança, nostalgique, une main glissant sur une table.

Lorsque la double-porte se referma derrière elle et qu'elle eut posé l'écriteau « fermé jusqu'à nouvel ordre, réfection en cours », un pincement au cœur la fit grimacer.

« Quelques jours, rien de plus... »



L'après-midi même, elle entrait dans les locaux des Naffreux et postulait pour se faire engager. Ils avaient besoin de bras supplémentaires, paraissait-il... Et, surtout, ils étaient de bonne compagnie et rompus au combat. La planque parfaite pour une fugitive comme elle. Et William saurait bien la retrouver, de toute façon...


Dernière édition par Sibyllina Luna le Jeu 9 Sep - 14:29, édité 2 fois
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Message  Ellaria Jeu 9 Sep - 13:34

J'aime beaucoup ce que tu as écrit, c'est complet, clair, plaisant à lire, ça explique bien des choses, en posant quelques questions sur les "secrets" de Siby, et j'apprécie particulièrement le choix des couleurs pour les dialogues, ça permet de trés facilement s'y retrouver Smile
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Message  Sibyllina Luna Jeu 9 Sep - 14:36

Aaah, des secrets... Et oui ! Mon personnage en a ! Bon, suffit de la mettre en confiance pour qu'elle les déballe presque tous, certes, mais tout de même !

Pour information, ce rp introductif trouve plus ou moins sa place dans mes différents rp en cours avec mon personnage, d'où des allusions à ce qu'il s'est passé sur le forum officiel.

Sinon... Bon... J'ai un autre texte à faire, là... *Se remémore un certain cadeau*
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